Les salariés et leur entreprise : du lion au papillon, la longue métamorphose !

 

Enseignements tirés de près de 30 ans de psycho-portraits symboliques

 

 

salariés

Depuis près de 30 ans, j’interroge les personnes à l’aide des outils que j’ai conçus.  J’en ai tiré quelques enseignements en matière de symbolique, d’intelligence collective et de représentations mais aussi de management. J’ai en effet interrogé plus de 2600 personnes dans des centaines d’entreprises, des séminaires, des sessions de » team building », des tables rondes ou des salons. En voici un tout petit résumé.

 

justice et force

Et si mon entreprise était ?

Saviez-vous par exemple que pour une population composée à majorité d’hommes (70%), (base: 700 psycho-portraits symboliques dans les années 2000), les cadres (surtout) se représentaient leur entreprise comme un félin (65 %), venaient ensuite l’éléphant, le cerf et le loup .

Ils la décrivaient symboliquement  comme un diamant taillé (70 %), du quartz ou du granit (15 % à quasi égalité).

Si c’était un végétal? Cela aurait été un arbre (80%) : un chêne, un orme, un olivier, ou un peuplier.

Elle aurait eu une saveur salée (60%), sucrée (30) ou pimentée (10%).

Si c’était un paysage?  Cela aurait été une montagne en hiver (40 %) ou en automne (45%) ou une plaine (5 %).

Sauf à se trouver dans une entreprise de spectacle ou une entreprise dont la culture est majoritairement internationale, jamais, le salarié ne visualisait son entreprise comme étant un primate ou un reptile.

Et si les collaborateurs étaient ?

correspond à l'item animal. symbole de liberté, d'indépendance, de beauté

Les commerciaux se visualisent en félins mais plus ils gagnent en indépendance et plus l’oiseau prend de place : le rapace le plus souvent (aigle, épervier) mais aussi le martin-pêcheur, …

Pour avoir interrogé des centaines d’ouvriers dans l’industrie agroalimentaire, les réponses sont bien plus variées : les félins bien sur (pour les contremaîtres) mais aussi le renard, les mustélidés, les oiseaux, et quelques insectes  : une ruche, une fourmilière,…

Les ingénieurs, ceux qui développent des projets, les membres des services de R &D,  se visualisent comme des plaines au printemps à la grande majorité. Ils sont tantôt des chevaux (40 %), des taureaux, des renards, des loups mais c’est souvent une question à laquelle ils ont du mal à répondre (plus de 30 % peinent à se représenter).

En 1990, Plus de 80 % des chefs d’entreprise se voyaient tels des lions conquérants sur leur marché.

D’autres félins ont pris une place importante : panthère, léopard, tigre, ocelot, jaguar : le bestiaire s’est agrandi.

En 25 ans, la perception paternaliste de l’entreprise s’est infléchie et son type d’organisation semble avoir changé. Si les représentations symboliques indiquaient souvent une histoire d’entreprise plutôt masculine, ancrée dans la durée, avec des valeurs centrées sur la fierté, la sagesse, la longévité, la mémoire;  ce n’est plus aussi prégnant aujourd’hui.

 

Et si le management était ?

L’entreprise a évolué. Dans la difficulté souvent : les notions de résultats, de performances, de compétition et d’agressivité ont pris le pas : le tigre, le requin mais aussi les loups, les orques, les dauphins, les coyotes et les hyènes sont bien plus nombreux qu’on ne pourrait le penser.

La notion d’autonomie ainsi que la représentation de l’entreprise au sein de son réseau ont aussi beaucoup évolué. Elle est devenue une île du sud ou du nord, frappée par les intempéries, traversées par les cyclones.  Ce n’est plus ce diamant inaltérable mais plutôt du quartz rose, de l’émeraude et en tout cas,dans un état brut, non encore taillé.

On sent bien la nostalgie d’une entreprise accueillante et protectrice.

D’ailleurs, interrogés bien des fois dans le cadre de nouveaux aménagements de bureaux, les salariés réclament de la douceur, des espaces conçus comme des sas de décompression.

A la question et si mon bureau était ? Ils répondent un cocon, un lieu de métamorphoses mais en douceur ! En tout cas, c’est ce qu’ils réclament !

La saveur de l’entreprise est passée du salé au sucré en traversant une grande phase d’acidulé… Ou comment de l’atmosphère paternaliste du début des années 90, on est passé à l’esprit de challenge et de compétition qui avait cours … dans les agences de publicité/communication. L’esprit des starts-up et des petites entreprises plus réactives gagnent du terrain avec une injonction de convivialité (!)  et de résultats !

 

L’irruption des nouvelles technologies et de la mondialisation ont permis à la symbolique bestiaire et végétale de s’enrichir et de se diversifier : araignées, abeilles, fourmis, bambou, champignons, fougères, tortues, turquoises, caméléon, boa, okapi,… Tous ces items dénotent l’internationalisation qui a cours dans les entreprises et l’interculturel qui peu à peu a fait son chemin. La notion d’intelligence collective  a pris forme et corps.

sablierLes organisations sont en perpétuelle transformation. Nul répit. Des services et des équipes qui doivent apprendre à composer avec de nombreux paramètres, une atmosphère de compétition  dans laquelle le temps, sa gestion, ses contraintes deviennent des facteurs omniprésents et primordiaux. En termes d’items, cela se traduit par la récurrence du sable, du galet, du calcaire. Le conte a permis de dévoiler ces problématiques. les outils magiques, les postures de héros et toute la symbolique mise en  action dans le conte permettent de comprendre les métamorphoses.

Aussi n’est-il  plus  surprenant de voir coexister aujourd’hui  le papillon, le lierre ou le bambou, le sable, le violet, l’acidulé ou l’épicé, l’ île, le conte (le petit Poucet ou le chat botté), la cuisine, la brise…. dans le cadre d’un psycho-portrait symbolique d’une entreprise ou d’un service en pleine mutation.

Quel contraste avec les années 2000 ! Gérer la complexité et les transformations !Voilà le nouvel enjeu et en tout cas l’un des mots-clés récurrent.

 

Diversité et plafond de verre

J’ai bien entendu de plus en plus de psycho-portraits symboliques réalisés par des femmes aujourd’hui.

D’autant plus que ces dernières années, j’ai travaillé dans le secteur de l’ESS (économie sociale et solidaire).

Au sein des comités directeurs,  les femmes que j’ai interrogées, sont encore assez peu nombreuses mais cela change vite y compris et surtout dans les moyennes associations, les PME et  les petites structures privées où elles sont légion.

Dans les grandes entreprises, confrontées aux psycho-portraits symboliques, elles sont beaucoup plus réticentes à y répondre de prime abord (10 % de refus net). La raison ? La peur. Elles ont du se battre pour arriver à ce niveau et se méfient de ces outils qui leur semblent vouloir remettre leurs compétences en question.

Pour des raisons de confidentialité et de confort, je pratique d’ailleurs le psycho-portrait en entretien individuel (au téléphone ou sur place, par courriel ou par visioconférence). Lorsqu’il est réalisé en groupe (100, 200 ou plus), les réponses sont anonymes.

Néanmoins, quand les femmes répondent, elles n’ont aucune difficulté à se projeter symboliquement. Les notions d’agilité, de souplesse, d’indépendance, de vitesse et d’intelligence collective au travers de représentations telle la lionne, les loups, mais aussi les antilopes, les abeilles, les fourmis sont souvent évoquées.

C’est en matière de végétal et de minéral que les femmes se montrent les plus prolixes.

Peser sur la définition de l‘organisation, imprimer une marque, modeler et reconstruire leur organisation, lui donner du sens, voilà sans doute les mots-clés et les notions qui m’ont le plus marquée dans le décryptage de leurs psycho-portraits symboliques.

Un outil de pilotage d’un genre nouveau promu par les chefs d’entreprise ?

Plus l’entreprise emploie de salariés et plus le dirigeant est prêt à s’impliquer et même à recommander ce type de questionnaire pour l’ensemble de ses salariés. Ce serait plutôt les cadres intermédiaires qui auraient le plus de méfiance.

Sans nul doute, en ces temps incertains, acquérir un peu de visibilité sur la route à prendre, pouvoir comprendre quelques données subjectives pour piloter au mieux, est apprécié des dirigeants.

Enfin, ces psycho-portraits symboliques ne seraient pas efficients si je ne les faisais pas valider par les personnes interrogées puis par le groupe.

Que ce soit en formation, en séminaires, en sessions de « Team building », il y a toujours cet instant magique où la compréhension mutuelle et la confiance s’installent pour établir une connexion. Celle du groupe et de sa force collective. C’est ce que le psycho-portrait symbolique permet de percevoir et de renforcer.

 

Ces observations sont encore parcellaires. Je travaille à les compiler et en faire apparaître la congruence.

 

papillon